Le Royaume-Uni appelle les laboratoires pharmaceutiques à investir davantage sur son territoire. Dirona Consulting décrypte les enjeux économiques et stratégiques pour l’industrie européenne.
Le Royaume-Uni se retrouve à un carrefour : alors que de grandes entreprises pharmaceutiques ont récemment freiné leurs investissements sur son sol, le gouvernement britannique souhaite relancer son attractivité pour le secteur pharma. Selon la ministre des Finances Rachel Reeves, en échange de conditions tarifaires plus favorables dans les négociations avec les États-Unis, le pays attend des groupes pharmaceutiques un accroissement d’investissements.
Cet article analyse les enjeux de cette stratégie : contexte britannique, attentes du gouvernement, risques pour l’industrie pharmaceutique, et ce que cela peut signifier pour les marchés européens, y compris la France.
Contexte : un fléchissement des investissements pharmaceutiques au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni n’est plus considéré comme aussi attractif qu’il y a quelques années pour les acteurs pharmaceutiques.
Plusieurs groupes majeurs ont suspendu ou annulé des projets d’investissement, comme Merck & Co. (annulation d’un projet à Londres) ou AstraZeneca (mise en pause d’un investissement de 200 millions de livres à Cambridge).
Cette situation s’inscrit dans un contexte de remises élevées sur les médicaments au Royaume-Uni et d’évaluation stricte des prix par les autorités de santé, ce qui réduit les marges perçues par les fabricants.
Ce contexte explique pourquoi le gouvernement britannique souhaite inverser la tendance.
Que demande le gouvernement britannique ?
Rachel Reeves a déclaré que le Royaume-Uni doit « rester attractif pour l’industrie pharmaceutique, ce qui passe aussi par la question des prix. Mais, en contrepartie, nous souhaitons voir davantage d’investissements affluer vers le Royaume-Uni ».
Plus précisément :
Le Royaume-Uni négocie avec les États-Unis un accord tarifaire sur les médicaments ; à cet égard, Londres souhaite que l’engagement d’investissement des firmes soit pris en compte dans les concessions sur les prix.
Le gouvernement semble inscrire cette demande dans une logique d’« échange » : des conditions tarifaires plus avantageuses ↔ des investissements accrus sur le territoire britannique.
L’objectif est de combiner deux impératifs : maintenir ou améliorer l’accès des patients aux médicaments (dans un budget contraint) et assurer que le secteur pharmaceutique considère le Royaume-Uni comme un lieu d’implantation sérieux.
Enjeux pour l’industrie pharmaceutique
Pour les entreprises pharmaceutiques, cette stratégie présente plusieurs dimensions :
Investissement versus rémunération : Si le Royaume-Uni exige des investissements (engagements en R&D, production ou infrastructures) cela augmente les coûts. En parallèle, la pression sur les prix (et les remises) persiste — ce qui diminue la marge.
Arbitrage des marchés : Les laboratoires pourraient choisir de privilégier d’autres marchés jugés plus rémunérateurs ou avec un environnement tarifaire plus stable. Le Royaume-Uni doit donc être positionné comme attractif non seulement en termes financiers mais aussi réglementaires.
Impact international : Cette logique de demande d’investissement peut refléter une tendance globale : les pays souhaitent davantage que les firmes ne se contentent plus uniquement de la vente des produits, mais participent aussi à l’écosystème local (emplois, infrastructures, innovation).
Implications pour les marchés européens et la France
Même si l’annonce concerne le Royaume-Uni, plusieurs implications pour l’Europe et la France sont à retenir :
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Un pays comme la France, avec des contraintes budgétaires fortes pour le remboursement des médicaments, peut voir ses marges de négociation évoluer si les firmes souhaitent redéployer ou renforcer leur présence dans d’autres pays pour compenser des contraintes britanniques.
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L’attractivité de chaque marché devient un argument dans les négociations : l’investissement local (production, centres R&D) peut devenir un levier pour obtenir des conditions tarifaires ou accélérer les lancements.
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Pour les acteurs de l’industrie et les conseils en accès au marché, il est temps de modéliser les effets de ces dynamiques : localisation des investissements, arbitrages de marché, vitesse d’accès aux patients.
Le Royaume-Uni a mis en lumière une nouvelle forme de demande faite à l’industrie pharmaceutique : davantage d’investissements locaux en échange d’un accès au marché et d’un environnement tarifaire plus favorable. Pour l’industrie, cela constitue une opportunité mais aussi un défi stratégique. Pour l’Europe, et notamment pour la France, cela rappelle que l’attractivité des marchés pharmaceutiques dépend désormais autant de la tarification que de l’implantation.
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